Spring Odyssey

En collaboration avec des scientifiques de l’université Paris-Saclay, l’artiste a travaillé sur une plante de tabac capable de rendre visible la radioactivité pour tenter de l’apprivoiser. Cette tentative est indispensable à la poursuite de la vie sur terre mais également à une éventuelle conquête de l’espace où les radiations sont plus élevées.

La plante a ensuite voyagé dans un des lieux terrestres les plus radioactifs : la “forêt rouge” à Tchernobyl, baptisée ainsi depuis que les aiguilles des pins sont devenues rouges suite à l’explosion de la centrale nucléaire. Depuis 1986, ce territoire est devenu un laboratoire ouvert uniquement aux expéditions scientifiques qui ont en charge d’observer les effets des taux élévés de radiation et de l’absence de l’homme sur l’environnement. La plante a été exposée pendant les cinq jours réglementaires dans une clairière au coeur de la foret de bouleaux particulièrement résistants.  

Suite à cette exposition, la plante a muté. Sont issues de cette plante “mère”, les plantes suspendues ainsi que celle, au centre de la pièce, surgissant, du tas d’aiguilles de pins ayant depuis disparu de la forêt rouge. Cette présence fait poindre un espoir. Une fois le casque de VR porté,, toute action dans la réalité a une incidence dans la virtualité et réciproquement. Nous entrons en contact avec la plante mutante. Nous en prenons soin. Dans les deux mondes. Commence alors une chorégraphie qui nous permet d’apprivoiser nos peurs et nos limites. 

L’expérience SPRING ODYSSEY VR brise une frontière que le corps ne pourrait supporter naturellement.  Il s’agit d’inscrire cette expérience comme rite de passage vers une nouvelle réalité physique mêlant sciences et technologies autour d’un phénomène invisible puissant et d’interroger les  limites fluctuantes de nos intuitions. L’expérience VR  rend compte de différents niveaux de perception de cet espace aux allures paradoxalement si familières et d’apprivoiser ce territoire.

Entre fragilité, force et résilience, notre relation à ce monde s’esquissera à travers la complicité tissée avec la plante mutante réelle et virtuelle. Une pluralité de lecture des espaces et des éléments qui les composent incite à un renouvellement du regard porté sur les plantes capables de résister aux différentes représentations des environnements.