Mégalotopie
Megalotopie est une installation artistique dans laquelle le spectateur joue le rôle principal. En entrant dans cette œuvre, vous faites partie d’une image augmentée et vous devenez l’objet de l’attention de tous les personnages du court-métrage qui vous loue de manière caricaturale pendant plus de sept minutes.
Ce système est composé de trois espaces :
Tout d’abord, l’espace tangible qui présente la scénographie de l’œuvre et accueille le public. C’est le lieu dans lequel le spectateur est filmé, l’éclairage y est parfaitement réglé, une grande toile de fond aux motifs floraux est tendue en arrière-plan, le cadre doré également visible dans le film encadre l’écran de télévision encastré dans un mur en position portrait.
Dès que l’on pénètre dans cet espace, on entre dans l’espace fictionnel du projet, la mise en scène et plus généralement l’atmosphère nous permettent déjà d’entrer dans l’univers imaginaire de l’auteur.
Ensuite, il y a l’espace du court métrage dans lequel on retrouve en vidéo le même cadre doré. Ce court métrage a été réalisé à partir d’une réécriture de scènes caricaturales basées sur la critique d’œuvres d’art (généralement des peintures) de 26 films ou séries. Les répliques significatives ont été notées, retravaillées avec les acteurs, puis assemblées pour former des dialogues plus ou moins absurdes.Toutes les répliques ont été neutralisées afin de pouvoir s’adresser aussi bien à un homme qu’à une femme.
Devenir acteur principal de l’œuvre
L’écriture est organisée selon trois thèmes, d’abord les critiques liées aux allusions, références ou métaphores faisant appel au sentiment d’appartenance et à la famille comme « Ce n’est pas seulement un portrait, c’est le portrait d’une personne chère, aimée par ses parents ! ». Ensuite, les discours mystiques ou religieux : « C’est comme être à l’intérieur d’un rêve, ou quelque chose où il y a de la vérité, mais pas de logique ». Et enfin les lignes liées à la métaphore sexuelle comme « Quand je vois un tableau comme celui-ci, je suis en érection émotionnelle.
Enfin, le tout a été tourné puis monté pour créer une sorte de crescendo, un court métrage qui évolue vers une forme d’extase ou de transe devant le tableau. Mais ce tableau est, dans l’œuvre finale, le retour en direct du spectateur. Troisièmement, nous trouvons l’espace-temps réel du spectateur filmé et intégré dans le court-métrage (dans la zone de l’écran vert). Il s’agit d’un retour direct capturé avec un appareil photo Canon équipé d’un objectif de 60 mm, qui permet une image visuellement travaillée, y compris la profondeur de champ. Après un premier test, la vidéo en direct a été reproduite, car il s’est avéré plus intuitif pour les utilisateurs d’adapter leurs mouvements et d’interagir avec le court-métrage.
L’artiste
Karleen GROUPIERRE
Karleen Groupierre est artiste-auteur et maître de conférences à l’Université Paul Valéry de Montpellier 3.
Ses œuvres, exposées en France et à l’étranger, explorent l’existence du trans-art, un mode de création polyforme renouvelant les processus créatifs de l’auteur ainsi que le rapport du spectateur à l’œuvre. Spécialiste des technologies numériques, l’artiste les mobilise pour offrir au public un univers imaginaire onirique. Également docteur en Esthétique, Arts Sciences et Technologies, sa thèse dirigée par Marie-Hélène Tramus s’intitule « Enjeux de la fiction transmédia en termes de création et de réception ».
